lundi 12 octobre 2020

Baptême mouvementé à Pierre Percée

 Samedi 10 octobre 2020
 
Baptême mouvementé à Pierre Percée
 
PM 10h06 coeff 33, BM 17h35
Vents NO 4B
 
Martine, Cathy,
Loïc, Christophe, Alain, Franck, Franck, Claude,
Sylvain, Hervé, Yannick, Roger, Thierry, Christian.


L’après-midi avait plutôt bien commencé, je venais pour ma deuxième sortie avec le club et j’avais un peu...l’insouciance du débutant qui a fait sa première balade sur une mer d’huile, et qui pense naïvement que ce sera toujours un peu comme ça…
L’arrivée au club est toujours un bon moment ; on retrouve des têtes déjà connues, une bonne humeur générale et une activation digne d’une fourmilière à laquelle on essaie de prendre part. On va faire du kayak en mer alors forcément, on est contents. En plus aujourd’hui, on me confie un kayak en fibre...merci Christian de me faire confiance alors que la fois précédente tu m’as vu accoster en plantant mon kayak dans le sable…
En voiture pour Bonne Source, Sylvain m’apprend qu’il y a trois îles dans la baie et qu’on va aller s’y balader. En plus le soleil brille, c’est chouette...mais il y a un peu plus de vent que la dernière fois, et la mer est un peu plus agitée...pour l’instant tout cela ne me parle pas trop...pour l’instant…
Après avoir embarqué la fleur au fusil, non sans avoir oublié de mettre ma jupe avant le gilet de sauvetage, et non sans accepter gentiment la proposition de Cathy de me prêter son casque (avec la couleur rose, il ne pourra rien m’arriver, on me verra même de l’autre côté de l’estuaire ;) me voilà sur la mer.
Assez vite j’ai senti que j’étais moins détendu que la dernière fois, je sentais la présence insistante des vagues, qu’il n’était pas toujours possible de prendre de face (ah bon?). Yannick a dû sentir quelque chose et me donne un conseil qui à mon avis me servira pour l’éternité : quoi qu’il arrive, ne jamais arrêter de pagayer, la pagaie c’est notre équilibre, et le coup de pagaie, plutôt au sommet de la vague...OK bien reçu.
Je me demandais depuis longtemps pourquoi ce rocher de forme similaire à l’Ayers Rock en Australie s’appelait Pierre Percée. Je l’ai compris en arrivant sur le côté, même si ce n’était pas une surprise, il fallait tout de même être en mer pour le voir : la pierre a une forme de tunnel, et à marée haute il serait possible de la traverser en kayak. Une autre fois...car à peine commencé à en faire le tour je vois s’approcher une vague qui me semble énorme mais qui n’est sans doute en fait qu’une grosse vaguelette, un peu bruyante et blanchissante tout de même. Et là, le conseil de Yannick me semble figé dans l’éternité ; je contemple la vague, sans doute les yeux écarquillés, la bouche ouverte...et la pagaie hors de l’eau. Résultat ; je fais un joli dessalage (le mot me semble mystérieux tant on aurait plutôt envie de parler de salage, surtout au niveau de la bouche et du nez…)
Heureusement, je sais quoi faire, et heureusement l’eau n’est pas encore trop froide en ce mois d’octobre. Surtout ne pas lâcher le kayak, surtout ne pas lâcher la pagaie, savoir quoi faire avec quelle main la tête sous l’eau...Une fois dehors, je me sens tout bête, l’impression absurde que je vais me faire engueuler...et puis en fait non, voilà déjà Hervé et Martine qui savent exactement quoi faire et qui font tout ça le plus calmement et le plus normalement du monde. Moi aussi je me souvenais de ces gestes, sur cette mer d’huile, la fois passée. On avait déjà appris à faire cette manœuvre par laquelle on passait tous une fois ou l’autre. Hervé me rassure : faire du kayak de mer, c’est forcément passer par là. Le kayak vidé, on se met côte à côte et je m’accroche à la ligne de vie du kayak d’Hervé (là le nom me parle un peu plus). Je m’agrippe et hop, me voilà à nouveau dans mon kayak, baptisé à Pierre Percée...l’endroit aurait pu être moins charmant et sauvage…On a beau se dire que ce n’est pas grave, on a un peu le moral dans les chaussons néoprène tout de même. Je croise Cathy qui me dit, le sourire jusqu’aux oreilles « Elle est bonne, hein ? » et là je comprends qu’elle vient de dessaler elle aussi...je me sens un peu moins seul !
C’est là que Christian me prend sous son aile ; outre sa générosité naturelle, il a senti qu’il avait affaire à un nouveau qui s’accrocherait peut-être...Alors nous voilà repartis, cette fois direction l’île des Evens (mais si, le petit point jaune et noir là-bas…) Christian me donne des conseils, dont certains que je n’avais encore jamais entendus comme par exemple les impulsions avec les pieds simultanément avec les bras, se pencher un peu sur une vague qui arrive au flanc (se pencher, sérieux?!), mais aussi des conseils déjà entendus et pourtant battus en brèche par des mauvaises habitudes : planter la pagaie loin devant, pousser la pagaie ne pas seulement la tirer etc. Il m’apprend aussi le regard directionnel, c’est à dire regarder un point à l’horizon comme un point de destination permettant de garder un cap...mais un cap qui semble bien lointain tout de même...Bon, c’est vrai qu’il avait raison de me donner ce conseil car on commençait un peu à prendre la direction de la Vendée...Et là, nouvelle découverte : le point semble ne jamais grossir, et pourtant à un moment il est énorme et on est tout près...étranges découvertes sur la mer, ivre de froid humide et de coups de pagaie…
Christian me propose d’accoster l’île des Evens, histoire de reprendre un peu de souffle et aussi de vider mon kayak qui a sans doute encore quelques restes de Pierre Percée, mais aussi de quelques vagues passées sur la jupe (l’aurais-je mal fermée?) Les plus téméraires du groupe font le tour de l’île en kayak...une autre fois pour moi. On ne tarde pas trop à repartir pour ne pas se refroidir, cette fois les vagues sont dans le dos et on peut s’exercer un peu au surf. Par moment je sens la vague qui m’emmène, en pagayant on dirait qu’on va pouvoir la suivre jusqu’au point d’arrivée mais non...quoique je vois Hervé au loin qui a pris une avance impressionnante. Et c’est là que je commets ma deuxième erreur de la journée, ou plutôt la même que tout à l’heure, je sors la pagaie de l’eau quelques minuscules secondes, le temps de me faire pousser et rouler sur le côté par ces vaguelettes à surf qui semblaient pourtant si sympathiques...Ça y est me voilà à nouveau la tête sous l’eau, je mets un peu plus de temps à retirer la jupe (je ne pense même pas à l’esquimautage) Christian me récupère et fait les bons gestes pour, rebelote, vider mon kayak, se mettre à côté de moi pour que je puisse y grimper...me voilà rincé pour la journée.
On arrive au point de départ et je ne sais trop quoi penser : je suis vanné, je tremblote un peu ce qui fait que même parler est difficile, mais le soleil brille et ses reflets sur la mer sont intenses à presque 18h en ce mois d’octobre (fichtre, on aurait pagayé près de 4 heures?!). Tout le monde est là, on me propose des petits gâteaux et du café, rien à dire, quand on y repense ce sont déjà des moments inoubliables.
Le soir dans mon lit, je serai surpris de sentir encore ces petites vagues à surf qui tantôt vous tirent, tantôt vous poussent, et j’aurai encore dans la tête les images des îles d’une mer sauvage, et le creux des vagues tout autour de nous.

Christophe.

4 commentaires:

  1. top ce compte rendu ! vivement le prochain . Sylvain

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  2. Bravo Christophe pour la rédaction de ton ressenti j'ai l'impression qu'ils t'on tout dit ....
    et les vagues seront toujours là pour te le rappeler au cas ou tu oublierais !

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  3. Toujours super d'avoir le ressenti d'une personne débutante. Il faut maintenant s'accrocher pour poursuivre l’expérience petit à petit un peu plus loin. A une prochaine.
    Franck

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  4. Quelle aventure !
    Cela donne envie d'être sur l'eau, de sentir cette liberté face aux éléments purs.
    Merci pour ce partage.

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