dimanche 28 octobre 2012

Le Golfe force 5

Samedi 27 octobre 2012
Le golfe du Morbihan
Port Navalo Basse mer 10h05 pleine mer 16h32 coeff 78
vents nord nord est > 5 beaufort

Hervé, Christian, Pierre-Dominique, Anny, Michel, Martine, Alex, Mélanie, Franck, Thierry, Sylvain, Frantz, Marc, Julien, Noemi, Marie-Laure, Michel, Jean-Claude, Yannick, Mohamed, Roger


Grand huit

Quand je serai grand'-mère et que mes petits-enfants me demanderont : "Mélanie, raconte-nous ta première sortie dans le Golfe du Morbihan", je leur dirai que nous avons embarqué depuis l'anse de Kerners, que nous avons fait deux bacs d'échauffement avant d'en faire un plus grand, dans le courant de la Jument. Puis nous avons passé Gavrinis et l'Ile Longue, et longé la côte jusqu'à Port-Navalo, où nous avons pique-niqué. Et nous sommes revenus par la pointe de Kerpenhir, puis celle du Mouton...
Mais ce n'est pas vraiment comme cela que les choses se sont passées !

La vérité, c'est que je ne connaissais pas tous ces noms, ces endroits, ces îles, ces termes techniques ! L'avant-veille, je ne savais même pas ce qu'était un bac ! (Je connaissais le principe, mais pas le nom, et de toutes façons je ne l'avais jamais vécu en grand ! J'avais joué un peu avec le courant, en rivière, mais rien de comparable...)
La réalité, c'est qu'il y avait du vent, du courant, des remous dans tous les sens, le froid, la fatigue, des bateaux de tous côtés, de la buée sur mes lunettes, et du sel aussi, et que sans mes lunettes je n'y voyais rien non plus car j'étais éblouie par le soleil et la réverbération de l'eau...
La vérité, c'est que j'étais complètement perdue, désorientée, dans un environnement hostile et instable, et que j'entendais des indications contradictoires !
Quand on racontera cette sortie, il y a aura une logique, une chronologie, un sens. Il y aura un début, un milieu et une fin. Mais en fait, vus de l'intérieur, les événements se sont déroulés dans le désordre !

Dans ma tête, tout cela est encore bien emmêlé, mais je me souviens clairement des préparatifs : la date réservée depuis longtemps, en fonction des coefficients de marée ; l'organisation de la logistique ; les bateaux attribués à l'avance, pour éviter de perdre du temps au départ ; les discussions sur le forum, l'excitation qui monte peu à peu...
Samedi matin, je me suis levée tôt, un peu fatiguée mais tellement motivée ! J'avais acheté un pantalon en néoprène bien chaud, en prévision du changement de temps, j'avais préparé mon pique-nique, ainsi qu'un gâteau à partager au retour.

Une sortie bien préparée, c'est rassurant ! Je n'ai pas voulu regarder la météo marine : inutile de me faire du souci pour des voyants rouges auxquels je ne comprends rien... et qui peuvent passer au vert l'espace d'une nuit ! (Plus tard, je serai bilingue en nœuds et en Beaufort, c'est promis !)
A mon arrivée au club, il fait encore nuit, mais Christian est déjà là, avec deux ou trois autres : ils sourient, tout va bien ! Et puis, je vais retrouver l'Eliza, que je commence à apprivoiser : il est stable, pas trop lourd, robuste (je n'ai pas peur de l'abîmer dans les rochers comme le Nuka !), et on s'entend bien, tous les deux !
Nous commençons à charger la remorque. Bientôt, tout le monde est arrivé. Le chargement progresse rapidement, chacun participe, on plaisante gaiement : j'adore cette effervescence conviviale des petits matins pleins de promesses !
Nous nous répartissons dans les véhicules : pas de place perdue ! Je monte avec Marie-Laure et Martine dans le kangoo de Michel, très confortable, et nous voilà partis ! On s'arrête à Herbignac pour prendre Hervé et Roger, et on file plus à l'Ouest : La Roche-Bernard, Questembert, Sarzeau... J'ai l'impression de partir en vacances : même excitation de se lever tôt, mêmes voitures pleinement chargées, même route...

Arrivés à Kerners, les costauds se concertent : il y a beaucoup de vent ! On annonce force 5, mais ça ne me parle pas ; je me tourne vers Marie-Laure qui me traduit : "On est dans le rouge. En temps normal, on ne sortirait pas. Si ce n'était pas le Golfe, on annulerait !" (Glups !)
Finalement, l'itinéraire est adapté, et nous nous équipons. Je suis satisfaite : ça fait tellement longtemps que j'en rêve, de cette sortie dans le Golfe, j'aurais été vraiment déçue d'avoir à renoncer maintenant !
Avant d'embarquer, Christian me confie une écope (ça peut servir !) et un bout de remorquage (non, là, vraiment, je ne vois pas !). Comme je ne sais pas où attacher celui-ci, je demande de l'aide à Franck : il raccourcit la corde à l'aide d'un superbe point de crochet, qui me rappelle ma grand'-mère quand elle nous tricotait des couvertures...
Après ce petit moment de poésie, j'embarque sans problème et je pagaie pour me réchauffer. Je fais des ronds dans l'eau en attendant que tout le monde soit prêt : nous sommes vingt-et-un sur l'eau !

Franck et Hervé ouvrent la marche, Christian et Sylvain restent en fermeture : jusque-là, les choses sont claires ! Le convoi démarre, contourne la pointe de Kerners et nous voilà au point de départ du premier bac. Pierre-Dominique nous fait une démonstration de la technique à utiliser. (Ça a l'air tellement facile, quand c'est lui qui fait !)
"Qui n'a jamais fait de bac ?" demande Julien.
- Moi ! (Mais j'ai compris le truc, je vais y arriver !)
- Alors je vais t'accompagner." (C'est vraiment utile ? ... Un doute sourd en moi... Bon, d'accord !)
Et c'est parti ! Je fais tout comme Julien (avec un tantinet moins d'élégance, certes !), je vise consciencieusement la pointe en face, je ne regarde pas à gauche, là où nous sommes censés arriver, et je sens nettement le courant nous déporter en crabes ! Par moments, il y a des remous, je pense à pencher mon kayak pour éviter que l'eau ne passe au-dessus, je pagaie plus fort (à ce stade, je n'ai plus froid du tout !). Dès que je relâche l'effort, je sens que je recule rapidement. (C'est encore loin ? Je n'ose pas regarder notre destination, de peur de faire dévier mon kayak et de ne pas réussir à le remettre dans le bon axe...)
Finalement, la surface de l'eau change d'aspect : elle est toute lisse (chic ! on est arrivés !). Mais non ! Ne t'arrête pas, le contre-courant est encore plus loin ! (Ah ! Oui ! Je vois les vaguelettes en sens opposé, un peu plus près de la rive.)
Un dernier effort, et j'y suis ! J'entends des encouragements, je suis contente : ça s'est bien passé ! Et puis, c'était plutôt rigolo ! C'est très déconcertant, cette sensation de mouvement désaxée par rapport à l'effort fourni ! J'ai un peu le tournis...

Après un moment de répit, nous voilà repartis... en sens inverse ! Reprise de courant, traversée sans encombre, longer la côte de l'Ile de la Jument (rester le plus près possible pour s'abriter du vent, j'ai l'habitude !), jusque-là ça va. Je suis un peu gênée par la taille du groupe : nous sommes nombreux, dont plusieurs débutants, et les bateaux ont tendance à se couper la route, voire à se tamponner...
Nous arrivons au bout de l'Ile de la Jument, et nous nous apprêtons à affronter le légendaire courant du même nom...

La première fois que j'en ai entendu parler, c'était dans les histoires de vieux loup de mer de ma copine Isabelle : son père habite un moulin au fond de l'anse de Baden, et c'est là qu'elle a appris à naviguer. J'ai grandi avec des contes d'ogres et de sorcières, elle avec des terreurs de tempêtes et de naufrages ! Autant vous dire que, maintenant, affronter le redoutable courant de la Jument, c'est un peu comme rencontrer Barbe-Bleue en personne !
Heureusement, je n'ai pas le temps de réfléchir, car, tels des parachutistes avant le grand saut, nous voilà tous en file indienne. Une première vague est déjà lâchée, j'attends mon tour fébrilement, quand Christian m'ordonne de passer devant. Je prends une grande inspiration, et je me lance ! Les autres me suivent de près, et notre trajectoire est plus haute que celle de la première vague. Je crois que nous avons pris un bon départ... Je m'applique à garder le cap, je pagaie de toutes mes forces, mais peu à peu, je sens que je perds du terrain par rapport aux autres. Je maintiens l'effort, mais je me retrouve de longs mètres en recul... Le courant est si fort, où m'emporte-t-il ? Je vois le bout de l'île arriver : que se passe-t-il au-delà ? Je ne vois pas de rivage salvateur, pas de contre-courant, pas d'accalmie, je suis de plus en plus loin du groupe, toute seule au milieu de l'eau... Je commence à paniquer !
J'ai un moment de désespoir, puis j'aperçois un mouvement dans mon dos, probablement un kayak de la première vague... Non, je ne suis pas perdue ! Je redouble d'efforts, et... c'est là que tout commence réellement à s'embrouiller dans ma tête ! Comment ai-je rejoint le groupe ? Je n'en ai plus souvenir...

Ensuite, venait la partie "facile" de la matinée (j'ai appris à me méfier du caractère tout relatif de le facilité version SNOS !) : il suffit de suivre le groupe, et de se laisser porter par le courant. D'abord, le groupe, c'est vite dit ! Les deux ouvreurs sont hors de vue depuis belle lurette, quant au reste du groupe, il s'étend sur un cadran horaire allant de dix heures à deux heures ! Ensuite, le courant, il n'est pas fléché ! Comment est-ce que je sais où le trouver ?
Pour corser le tout, mon kayak commence à faire des siennes : avec le vent, il refuse d'aller où je veux, je voudrais bien mettre une dérive, mais il n'y en a pas sur l'Eliza ! Il y a des safrans, mais ils sont difficiles à installer, par un système de poulie et de cordelettes très raides, situées à l'arrière du bateau, donc difficiles à voir. Tout à l'heure, on m'a aidée à les sortir, mais Christian m'a recommandé de les rentrer dans le courant, car ils risquaient de me jouer des tours ! Il m'a donc assistée pour les rentrer !
La seule chose qui m'aide vraiment, ce sont les encouragements. Quand Christian m'annonce : "ça y est, nous sommes presque à Gavrinis, c'était la première étape", quel soulagement ! Même si le groupe a bifurqué à gauche, il faut conserver le cap jusqu'au rivage, et virer seulement au dernier moment.

Je prends du retard par rapport aux autres, et je dérive de plus en plus sur la droite... (Toujours mon kayak qui commande !) Pierre-Dominique vient sur ma droite pour me remettre dans l'axe : "tourne un peu vers la gauche !" (Justement, c'est ce que j'essaie de faire depuis un quart d'heure !) J'ai l'impression de me traîner, je ne contrôle plus mon bateau : je commence à avoir le moral en chute libre. Je ne dis plus rien...
Le groupe s'étale de plus en plus, je ne sais pas où je dois aller. Je demande quoi viser. "La balise verte là-bas". (Geste vers l'avant, sur ma gauche) Une balise ? Je connais les balises : ces petits phares miniatures, coniques et massifs, trapus et rassurants, peints en vert ou en rouge, qui matérialisent les chenaux et les entrées des ports. Je vois bien une balise rouge, mais pas de verte ! Tout ce que je distingue de vaguement verdâtre, c'est une sorte d'échafaudage métallique là-bas, qui ne me dit rien qui vaille... (Non ! Ça ne rentre décidément pas dans la catégorie "balise", un machin aussi creux et effrayant !)
Alors, quand Sylvain arrive et me demande : "ça va ?", question que je n'osais pas me poser moi-même depuis quelques temps... je réfléchis sérieusement et je réponds distinctement : "Non." (Incroyable comme un petit mot de rien du tout peut vous briser la voix, sournoisement...) Il a l'air de vouloir m'aider, alors j'enchaîne très vite, avant qu'il ne change d'avis : "Reste à côté de moi ! Je me sens perdue..."

Nous continuons notre route, et arriverons bientôt à l'abri du vent, protégés par la presqu'île. A intervalles réguliers, Sylvain me parle un peu, histoire de m'encourager. Je ne suis pas loquace, notre discussion n'est pas très fournie ! Mais j'avance et, dès qu'il n'y a plus de vent ni de courant, je commence à aller mieux. Je remarque la belle pagaie en bois qu'il a fabriquée lui-même, je découvre le paysage (j'avais oublié qu'on était dans le Golfe du Morbihan ! Sous le soleil d'automne, c'est magnifique...), je commence même à avoir faim... Bref, je revis !
Sur la plage de Port-Navalo, je me change rapidement et je vais m'installer au pied du mur en pierre, dans un endroit bien chaud. Je mange mes pâtes en silence (besoin de récupérer !) et je profite de la bonne humeur ambiante. Mes voisins me proposent de partager, qui ses pommes de terre aux harengs, qui du camembert (jamais rien mangé d'aussi bon !)... Je rigole aux plaisanteries, plus ou moins fines, qui parviennent jusqu'à mes oreilles.
Ma préférée ? Thierry évoque une île où personne n'a le droit de mettre les pieds (réserve naturelle je suppose), Hervé lui répond :
"Personne, sauf toi !
- Pourquoi ?
- Parce que t'es vraiment un drôle d'oiseau !"

Quand Christian offre sa traditionnelle tournée de mini-Mars, je savoure d'avance le petit regain d'énergie que va me procurer ce délicieux concentré de sucre et de plaisir ! J'ai dû remercier comme il fallait, j'ai droit à du rab ! Celui-là, je le garde dans ma poche en cas de coup de barre. Comme Christian a remarqué que j'étais moins bavarde dans les moments difficiles, nous établissons un code : si ça ne va pas, je mange mon Mars de secours, et je jette l'emballage à l'eau. Ce sera mon signal de détresse muet...
Avant de repartir, je m'entraîne à monter et descendre les safrans de l'Eliza, histoire d'être un peu plus autonome. Au retour, nous aurons le courant avec nous (il a basculé), mais le vent contre. On ne s'en rendait pas compte, abrités sur la plage, mais le vent a encore forci. On attend des rafales à 25 nœuds (ça ne me parle toujours pas précisément, mais je me souviens que, quand notre trimaran filait à dix nœuds, on fonçait... Alors je suis sûre d'une chose : 25 nœuds, c'est... vraiment beaucoup !).
Dès le début d'après-midi, les choses s'embrouillent à nouveau dans mon esprit. Nous avons traversé vers la pointe de Kerpenhir, je ne m'en souviens même pas ! Je me rappelle en revanche très nettement la traversée suivante, vers la pointe du Mouton...
Il y avait du vent, très fort, qui venait de la gauche ; du courant, puissant, qui poussait depuis la droite ; des vagues, croisées, tantôt de gauche, tantôt de face, et j'ai pagayé tout ce que j'ai pu, pendant un très très long moment !
Je me suis retrouvée en arrière du groupe, mais pas seule : j'ai eu droit à une escorte. A plusieurs reprises, j'ai senti mon kayak basculer : je l'ai redressé d'un mouvement de hanches, copieusement assorti de jurons bien sentis (de toutes façons, avec le vent, personne ne m'entend !). Ma pagaie était attachée au bateau pour éviter de la perdre dans le courant, en cas de retournement : mon leash s'est détaché ! (J'ai appelé au secours, personne n'a répondu. De toutes façons, impossible de s'arrêter pour refaire le noeud !) Plus d'une fois, j'ai crié et pesté contre le vent qui me déstabilisait, déportait ma pagaie, me faisait dévier de mon cap et me forçait à me baisser, à tel point que j'avais les abdos en feu !
A force de pagayer, concentrée à l'extrême pour éviter les embûches sans cesse renouvelées, j'ai fini par atteindre la zone abritée derrière la pointe du Mouton. Franck nous a rejoints, et m'a parlé tranquillement. L'eau, sa voix, tout ce calme soudain, après cette agitation, cet effort si intenses, ça m'a liquéfiée !
Je passerai pudiquement les sanglots (Franck appelle ça le contre-coup) et le remorquage pour rejoindre le groupe sur la rive en face (j'ai pagayé, faut pas croire ! Mais au moins je n'avais plus à lutter pour tenir le cap, quel soulagement !). Là, je n'avais plus qu'une idée en tête : rentrer ! Alors nous avons formé deux sous-groupes : le premier devait rentrer directement, le second passerait par l'Ile Berder, pour jouer encore un peu dans le courant.

Me voilà donc soulagée de repartir, en compagnie d'Alexandre, Mohamed et Frantz, sous la direction de Franck. Finalement, Noémi, Julien et Anny se joignent à nous. Mais je ne suis pas encore au bout de mes peines !
D'abord, le vent nous arrive de face, et même en longeant le rivage au plus près, j'ai du mal à avancer. Je me repère par rapport à des points à terre : par moment, même en forçant sur la pagaie, je ne les vois pas bouger d'un pouce ! Ensuite, à la pointe du Monteno, le kayak d'Anny tamponne le mien. Rien de grave, sauf qu'ils restent coincés ! (Comment est-ce possible ? Je n'en reviens pas.)
"Julien, au secours !" (Je n'y crois pas, j'ai vraiment appelé au secours ?)
Avec le vent, l'opération devient délicate, et prend un certain temps...
Trente secondes plus tard, me voilà à nouveau coincée, au milieu des rochers cette fois : mes safrans sont bloqués dans les algues, je n'arrive pas à les remonter. (Là, je perds tout mes moyens : quand est-ce que ce cauchemar va s'arrêter ?) Après plusieurs tentatives infructueuses pour sortir de ce piège, (Franck me suggère même de descendre de mon kayak, pour le remettre dans le bon sens, mais je sens que je serais incapable d'embarquer à nouveau toute seule), je finis pas retrouver un semblant de lucidité et par suivre le conseil de Julien : mes safrans ne sont plus dans les algues, je peux les remonter. Et ça marche ! (Alléluia !) Julien me remorque hors de la zone des rochers, et Franck prend le relais jusqu'à l'anse de Kerners.
Je ne pense plus, je suis le rythme de la pagaie de Franck, et c'est tout. Au bout d'un moment, je ne vois plus les autres derrière, mais je n'ose pas me retourner. De toutes façons, avec ce vent, on ne peut pas s'arrêter, sinon on recule ! Je culpabilise : si Franck n'avait pas besoin de me tirer mon kayak, il pourrait s'occuper plus des autres. Et si jamais l'un deux tombe à l'eau ? (Bon, arrête de broyer du noir, ça ne sert à rien !)
Quand nous trouvons un endroit plus calme, nous faisons une halte et Mohamed nous rejoint. Il est inquiet, lui aussi. Franck nous rassure : nous sommes près du but, il va nous amener là-bas, puis revenir chercher les autres.
En fin de compte, c'est Frantz qui arrive en premier : il nous aide à débarquer, et nous raconte qu'il a croisé Alexandre, en sens inverse ! Il s'est trop approché de la rive, et s'est fait prendre dans le contre-courant... Franck revient rapidement avec le reste du groupe, tout le monde va bien, je suis soulagée.
Quant au groupe de l'Ile Berder, il revient au grand complet, une fois que nous sommes changés et réconfortés avec les délicieuses Madeleines aux amandes d'Anny.
Ainsi s'achève cette mémorable journée, dans le partage des gâteaux, l'entraide pour charger et rincer les bateaux, et la fraternité de ceux qui ont vécu ensemble des émotions fortes...

Quand j'avais huit ou dix ans, ma mère m'a emmenée sur des montagnes russes, en Californie. C'était la première fois que je voyais un manège qui faisait un tour complet : le chariot commence par monter en marche arrière, à la verticale, puis il reste un moment suspendu dans le vide, avant de redescendre à toute allure, de faire un looping et de s'immobiliser de l'autre côté, toujours à la verticale, mais la tête vers le ciel cette fois ! Un petit temps d'attente qui paraît une éternité, et il repart... en sens inverse !
J'ai eu le temps d'observer ce petit manège un bon nombre de fois, en faisant la queue, avant de pouvoir monter dedans. Là, j'ai commencé à avoir peur : "au secours ! Je veux descendre !" Mais il était trop tard, j'étais solidement arrimée à mon siège... et le chariot a démarré. Je n'ai quasiment pas respiré pendant deux minutes, je suis sortie de là livide.
Ma mère, craignant de m'avoir dégoûtée des montagnes russes, m'a demandé en plaisantant : "Alors, on y retourne ?"
Je l'ai regardée, et j'ai répondu en secouant la tête... "Oui !"

Voilà, vous connaissez la véritable histoire de ma première sortie en kayak dans le Golfe. Quel rapport avec le grand huit ? Allez savoir...
En tout cas, si vous me demandez d'y retourner une fois prochaine... je crois que vous connaissez à l'avance ma réponse !

Maintenant, ce que je suis curieuse de connaître, c'est la véritable histoire en entier... Avec la version de chacun d'entre vous. Parce que cette sortie, personne ne l'aurait faite seul ! Cette merveilleuse histoire, c'est avant tout la nôtre !
Mélanie




4 commentaires:

  1. ma première sortie dans le golf, je risque pas de l'oublier! et après avoir vu la carte des itinéraires je suis ravi d'avoir pris le petit raccourcis de la fin :)
    hâte de remettre ça!
    frantz

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  2. On m'a rabattu à longueur de temps que les mathématiques amènent à tout, et bien là j'en ai le parfait exemple.

    Tu as fait le choix (a t'il été difficile?) de manier équations, théorème de Thalès, intégrale par changement de variable, dérivées et primitives...) tous les jours et bien l'écriture te sied à merveille.

    C'est un régal que de lire cette fenêtre personnelle et ce d’autant plus, comme tu le dis toi-même, pour les personnes qui ont participé à cette équipée sauvage.

    Tu progresses à chaque sortie et on espère tous que tu puisses en faire un maximum, pour se délecter à l’avance que tu te colles au compte rendu.

    A bientôt …et pour info (à noter sur tes tablettes) la prochaine sortie à la journée dans le golfe, c’est le samedi 12/01/2013 et d’ici là je crois que tes élèves vont manger du nœud et du Beaufort à tout va.

    Franck

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  3. Sous ta plume c'est une belle histoire en effet,
    qui ne manque pas de saveurs !
    Comme ton gâteau aux pommes !
    On en redemande!

    Pierre-dominique

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  4. Quel talent d'écriture,nul doute que tu vas attirer de
    nouveaux adhérents la saison prochaine et en faire rêver d'autres.
    Signé: un pagayeur à ranger dans la catégorie "primitif" et qui, si on lui parle d'intégrales va plutôt penser à une combinaison sèche qu'aux maths suite à de vieux traumatismes
    sans doutes.

    Hervé

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